Le moment n’est pas encore venu de casser les carreaux.

Jimmy Chérisier, puisque vous êtes le plus loquace et le plus éloquent de tous ceux qui, profitant du relâchement des autorités publiques, n’ont cessé depuis 30 ans de mettre en place un cortège infini d’atrocités inédites, et puisque vous vous êtes autoproclamé leur chef, je vous interpelle au nom de la patrie qui chancelle au bord de l’abîme que vous et vos alliés avez créé, bien que vous n’en soyez pas les seuls, mais les plus immédiatement responsables.

Il est loin le temps où le président dominicain Ulises Heureaux disait à Florvil Hyppolite, président d’Haïti dans les années 1890 : «Vous avez la chance de diriger un pays prospère», où l’appui apporté par Fabre Geffrard aux patriotes dominicains empêcha la partie de l’Est de l’île de retomber sous le joug de l’Espagne, où les démarches de Nissage Saget, de Preston, notre ambassadeur à Washington, et de Charles Sumner, membre du Sénat américain dont il était la haute conscience morale, évitèrent nos voisins de l’Est d’être annexés par les États-Unis à la demande pressante du président Baez et de sa clique.

Sommes-nous tombés si bas pour ne plus savoir ce que nous fûmes et sommes toujours pour toutes les femmes et tous les hommes noirs du monde entier, particulièrement pour les Africains dont Haïti demeure le symbole de fierté de toute une race ?

Cette apostrophe ne répond pas à un besoin de frémissement patriotique.

“Vous observerez qu’il n’y avait que la vigueur dans cette conjoncture où l’on put trouver la sûreté; je n’en ai jamais vu où j’ai trouvé la faiblesse”.

« Vous n'avez plus une faute à commettre », lançait Adolphe Thiers à Napoléon III quelque temps avant la débâcle française face à la Prusse en 1870.

Al Gore, quand il était vice-président des États-Unis, avait été critiqué pour avoir sollicité des fonds de campagne d’une secte boudhiste.

Il y a une donnée nouvelle dans l’équation politique haïtienne: la débâcle du populisme.

A compter de 1986 et du dévérouillage de la scène politique après 29 ans de dictature, une multitude de partis s’y sont implantés, certains fondés avant l’effondrement du régime de Jean-Claude Duvalier, d’autres par leur chef en exil.

Il est vrai que notre pays est malade depuis des lustres.